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Comprendre la spécificité des îlots du centre-ville : compte-rendu du café-débat #2

21/12/2023

Comprendre la spécificité des îlots du centre-ville : compte-rendu du café-débat #2

Dans le cadre du projet Siamorphose, a eu lieu un second café débat le 14 décembre 2023. Cette deuxième rencontre portait sur les spécificités des îlots urbains du centre reconstruit de Brest, avec les interventions de paysagiste et architectes, d’habitants et de riverains, mais aussi de porteurs de projets inspirants.

Le projet Siamorphose est un programme expérimental de rénovation de deux îlots urbains « démonstrateurs » du centre reconstruit de Brest dans le but de créer un modèle de rénovation des bâtiments soutenable et réplicable au reste du quartier et au-delà. Dans le cadre de Siamorphose, des cafés- débats ont permis d’aborder les grands axes du projet en incitant les propriétaires à s’engager à leur niveau et avec le soutien des acteurs publics.

Les rues en damier du plan Mathon, lors de la reconstruction, ont donné naissance à ces îlots si reconnaissables : des parcelles rectangulaires, ceintes d’une couronne d’immeubles entourant une cour ou un cœur d’îlot, plus ou moins fermé. Ces îlots sont régis par des copropriétés, ajoutant à la difficulté d’une action concertée. Échelle principale du projet de rénovation du centre-ville, l’îlot est une opportunité de repenser la vie de quartier et les espaces partagés.

Les îlots urbains du centre-ville : à l’écoute des habitants

Les habitants s’étaient mobilisés pour ce deuxième café débat, afin de partager leurs expériences et leurs attentes. « Les îlots sont figés depuis la reconstruction, mais les appartements sont de qualité, et beaucoup de ceux qui y vivent sont des amoureux de Brest et de ses grands espaces ». Un avis rejoint par plusieurs témoignages qui ont évoqué « la luminosité et de grands volumes ». Les améliorations attendues portant essentiellement sur l’isolation thermique et acoustique. Certains participants ont néanmoins déploré le manque de végétalisation, parlant « de minéralisation des îlots », tandis que la majorité de ceux-ci semble abriter « des garages collectifs ou des espaces vides » et « des cours privatisées ». Les habitants se sont également interrogés sur la faisabilité juridique face au montage en copropriétés et souhaitent aujourd’hui recréer des vies de quartier : « les gens vivent chez eux, se croisent sans se parler », « on manque de lieux de rencontre, d’échange ».

Quelle place pour la nature ?

La place de la végétation au cœur des îlots a ensuite été développée. Valérie Berger, paysagiste, et Caoline El Khoury, architecte urbaniste, ont rappelé que « le grand paysage de la ville, autour de l’axe principal de vue sur la rade, créé la forme urbaine de Brest et ses déclinaisons en îlots ». Si les promenades bénéficient d’une belle trame végétalisée, ponctuées de parcs et de jardins, la situation est différente à l’échelle des îlots. « Faut-il végétaliser chaque îlot ou préférer une vue dégagée sur la trame paysagère ? ». De nombreux questionnements pour structurer cette végétalisation en repensant les constructions afin de répondre aux enjeux climatiques, notamment les îlots de chaleur.  

Antoine Horellou et Sophie Caradec, co-fondateurs de l’association Pim Pam Poum, ont alors présenté le projet de jardin collectif « Mon Jardin Merveilleux » dont l’inauguration a eu lieu le 1er mai à la Pam de Brest. L’objectif du projet : « transformer une ruelle en espace vert et ombragé, sécurisé, agréable et ouvert à tous. L’objectif est de ramener du vivant, de favoriser les mobilités douces, de créer un espace convivial ».

Dans ce cadre, un habitant du quartier Siam a évoqué la situation de son îlot : « nous avons la chance de disposer de deux jardins de 1 000 m² et 500 m², séparés par un mur. Le jardin haut est un peu aménagé et fréquenté. Si peu de monde se rend dans les jardins, nous profitons cependant tous de la vue sur la végétation ». Un témoignage rappelant l’équilibre à trouver entre usage et représentation de la végétalisation et qui a ouvert des discussions intéressantes sur les jardins collectifs au sein des îlots.

Réinventer les îlots

Caline El Khoury a exposé les trois composantes qui permettent d’étudier les îlots : le bâti, la relation aux espaces publics, et le cœur d’îlot. Sont notamment évoqués les garages en cœurs d’îlots, construits à partir des années 1960 avec l’essor de la voiture. « On serait tenté de détruire les garages, mais où reporter les places de stationnement ? Et à qui appartiennent-ils ? » s’interrogeaient les habitants. Pour Valérie Berger, « on peut tout imaginer : optimiser les cœurs d’îlot et les garages, créer des espaces partagés, aménager des terrasses, des jardins sur le toit, accessibles à toute la copropriété… ». Une habitante a alors ajouté : « j’ai vu un garage surélevé et aménagé en une petite maison, avec un jardin. Ça commence, certains propriétaires transforment ces garages ». Des idées et initiatives qui ouvrent le champ des possibles.

La place du végétal a largement été abordée lors de ce café débat. Un sujet qui sera approfondi, notamment sur les notions de la végétalisation des îlots et de la désimperméabilisation des sols, dans un prochain échange : « L’environnement et les transitions du centre reconstruit de Brest ».