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Fontaine Margot : une démarche artistique pour la signalétique du site

06/06/2024

Fontaine Margot : une démarche artistique pour la signalétique du site

Portée par BMa, la conception du nouveau quartier Fontaine Margot vise à conjuguer de manière ambitieuse environnement, mixité sociale, habitat individuel et densité urbaine. Le quartier a été pensé pour favoriser le lien social et le développement économique tout en s’inscrivant dans son environnement naturel. 

Une atmosphère particulière de tranquillité règne dans ce lieu atypique par l’omniprésence de la nature. Les Prairies du Vern, la fontaine, les jardins, le ruisseau sont autant de richesses qui donnent son âme au quartier de la Fontaine Margot. C’est pourquoi, dans le projet d’aménagement, la priorité est donnée à cette nature foisonnante, en prenant en compte les éléments paysagers actuels

Rencontre avec Sylvain Descazot, designer, qui a mené en collaboration avec Onésime Paysage un concept artistique autour de la signalétique du site pour qu’elle s’intègre pleinement à son environnement.

Quelle est l’origine de la démarche artistique menée pour la signalétique de la Fontaine Margot ?

S.D : “La démarche artistique est née il y a quelques années déjà avec BMa et Onésime Paysage, pour trouver le moyen de parler aux habitants du quartier Fontaine Margot et de manière globale, aux habitants de Brest, tout en restant assez discret et juste par rapport à l’environnement, à la faune et à la flore.

L’idée était de travailler sur des matériaux résistants dans le temps pour installer de manière pérenne de la signalétique, mais aussi réfléchir avec des artisans locaux aux pièces et à leur implantation dans le paysage.”

Quelles ont été les étapes de cette démarche ?

S.D : “Nous avons été sollicités pour réfléchir à deux types de signalétiques : directionnelle et pédagogique. Notre première réflexion était de venir implanter quelque chose d’assez brut, comme posé sur le site. Nous avons donc choisi des stèles d’ardoises pour travailler sur la signalétique directionnelle. L’idée était d’implanter ces stèles pour guider le promeneur vers les prairies pâturées, les jardins partagés, la fontaine, etc, en donnant un indice de temps sans forcément indiquer de manière stricte ce qu’il fallait faire et comment le faire. Il était important d’avoir une douceur dans le propos, dans l’objet, qui matériellement tienne dans le temps.”

Pouvez-vous nous expliquer la conception de la signalétique directionnelle ?

S.D : “La signalétique directionnelle est un objet composée de deux éléments forts : le bois et l’ardoise. L’ardoise parce qu’elle représente le schiste breton, un minéral de notre territoire. Nous voulions une pierre qui n’était pas hors propos par rapport au site et qui puisse surtout vieillir avec le site : la pierre n’a pas été traitée pour créer et supporter du lichen ou des mousses. C’est ce qui m’intéresse dans ce projet, que cette signalétique puisse révéler aussi son rapport avec l’environnement dans lequel elle est implantée, qu’elle puisse aussi se rendre plus discrète avec le temps. 

Un travail a été mené avec les artisans sur l’intelligence du bois. Nous avons choisi du châtaignier afin de créer une structure avec des collages et des assemblages, ce qui révèle un savoir-faire artisanal avec lequel j’aime beaucoup travailler. 

Il y a un second type de signalétique, qui est à visée pédagogique, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

S.D : “L’implantation de la signalétique pédagogique a été divisée en trois phases. Des objets ont été installés. Il s’agit de pièces en verre qui ont été gravées d’un texte et d’une image relatant  la faune et  la flore du site. Ce sont des objets très résistants et qui, en même temps, amènent quelque chose d’assez précieux comme les petites perles qu’on a implantées sur le parcours. Ce qu’il y a d’intéressant avec ces pièces de verres, c’est qu’elles sont légèrement phosphorescentes la nuit, ce qui permet d’avoir des repères dans les prairies. Cette signalétique pédagogique en verre s’adresse principalement aux enfants. Je me suis toujours dit que si on mettait en valeur un site comme la fontaine Margot, c’était pour leur montrer qu’il y a une vie, des insectes, des animaux, des amphibiens, des batraciens, et surtout, qu’il faut en être conscient et ne pas en avoir peur. 

La deuxième phase concerne plutôt l’aspect historique du site. On reste sur de l’ardoise, qui s’intégrera aux murs du site pour soutenir une architecture existante, comme la fontaine ou les bunkers. Ici, ce qu’on vient chercher c’est d’intégrer près de ces architectures de la signalétique pour leur donner un sens et raconter l’histoire de la période de guerre qu’a connu Brest. 

La troisième partie est plutôt préventive : il s’agit d’explications placées sur le chemin. On a gravé des phrases en lien avec ce qui se passe autour des promeneurs. Il y a des zones de pâtures dans les prairies si on vient s’y promener, on risque de coucher le foin, et il ne faut pas nourrir les animaux. Cette signalétique vient donner un point de vue sur ces faits-là, mais sans impératif, ni flèches rouges. De la même manière, on a gravé devant la fontaine, au sol, l’explication du dimensionnement de la grille de la fontaine, pour laisser passer les chauves-souris. De même avec le lavoir, on a gravé à son bord discrètement, sans créer de panneaux. Sur ce site, l’idée est de garder l’aspect sensible et matériel du lieu.

Q : Qu’avez-vous ressenti sur ce projet ? 

S.D : “C’est toujours super agréable de travailler en tant que designer sur des sites qui demandent à être protégés et à être regardés avec bienveillance et respect, qui s’adressent aux enfants et aux générations suivantes. On est d’une génération qui n’a pas connu la fontaine Margot à l’époque où elle était utilisée pour l’approvisionnement en eau. C’est une sensibilisation de générations en générations qui implique que l’on comprenne l’histoire du lieu, ce qui s’y passe et ce qui y vit, autant le patrimoine vivant que le patrimoine historique. Comme c’est un lieu “doux”, il faut être dans cette notion de douceur et de respect. 

Un petit mot sur le travail avec BMa ?

S.D : C’est assez expérimental de venir avec des stèles en ardoise et de dessiner des objets qui ne sont pas normés pour un espace public. Selon moi, c’est une vraie prise de risque venant de BMa, mais qui reste assez juste. Pourquoi ne pas réfléchir à une valorisation d’un lieu par des objets qui, eux aussi, ont une esthétique ou une réflexion ? 

Je n’ai pas été restreint dans mon propos, il y a eu de réelles discussions et des validations qui font que le projet prend vie. Je ne peux pas créer sans ressentir une certaine fierté d’avoir réalisé l’objet. Il en est de même quand j’ai une commande : j’ai envie que le client soit heureux. Si BMa me dit “ça, c’est un beau projet !”, c’est gagné.   

 

La fabrication :

Signalétique en verre : Verreries de Bréhat, Precisteel (attaches), Phileas Dog (dessin)

Signalétique ardoise / bois : Coat Leron (gravure ardoise), Essences Bois